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Sinnhuber / Stravinsky
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Tarabust – C.M Sinnhuber (création mondiale)
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« Lorsque le duo Avès m’a proposé ce projet de collaboration j’ai à double titre été motivée. Le duo piano-accordéon, outre que j’aime énormément écrire pour ces deux instruments me permettrait de développer une idée qui m’est chère depuis de nombreuses années : la question du double. Ce duo étrange et fascinant, sorte de piano double, piano-souffle et piano-percussion, s’offre à moi comme un terrain de jeu idéal. Découvrir le travail d’une chorégraphe et envisager une écriture à quatre mains me stimule à la fois en tant que possibilité de découvrir un monde inconnu (je collabore régulièrement avec d’autres artistes car j’aime cette stimulation extérieure), mais aussi en tant que continuité avec une démarche entamée y a vingt ans et qui me lie très fortement à la danse depuis la découverte en live du flamenco en Andalousie. L’idée enfin de pouvoir travailler de concert dans le contexte extrêmement stimulant d’une résidence — permettant à la fois une connaissance approfondie des uns et des autres et de sortir de ses habitudes — m’apparaît comme une très belle opportunité pour inventer une forme collective.
J’ai choisi [le titre Tarabust] à la fois pour sa sonorité et aussi parce qu’il exprime quelque chose de lancinant et de premier dans l’approche du son. »
Claire-Mélanie Sinnhuber
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Le Sacre du printemps – I. Stravinsky
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Ce spectacle s’est tout d’abord construit autour d’une envie commune de faire une version de poche du Sacre du printemps de Stravinsky. Nous étions toutes les trois – comme tant d’autres ! - fascinées par cette œuvre, mythique dans nos disciplines artistiques respectives.
C’est la partition qui nous a motivées en premier lieu : la richesse des couleurs orchestrales et des timbres, la puissance rythmique et les contrastes offerts par celle-ci nous paraissaient un terrain de jeu infini. C’est pourquoi nous avons choisi de développer la chorégraphie en traitant le corps comme un instrument imaginaire, qui vient prendre part à l’ensemble instrumental, pour « jouer » une voix musicale gestuelle. Celle-ci s’appuie énormément sur les percussions, absolument centrale dans l’orchestration de Stravinsky.
Mais comment oublier l’argument ? Ces tableaux de la Russie païenne, imaginés par Nicolas Roerich, mettent en scène des rituels visant à s’attirer les bons augures des dieux du printemps, notamment à travers le sacrifice d’une adolescente à la fin de la deuxième partie. Tout en souhaitant se concentrer sur l’aspect musical de l’œuvre, une réalité s’est imposée à nous : il est impossible de faire totalement abstraction de cet argument. Profondément ancré dans l’imaginaire collectif comme dans les nombreuses chorégraphies de référence, il s’impose à nous comme une charge symbolique imprégnant la musique.
En tant que trio féminin, nous ne souhaitions pas mettre en scène une fois encore le jeu du rapt, la glorification d’une adolescente élue, sa mise à mort… En d’autres termes, une forme de violence masculine ancestrale et irrémédiable dont nous souhaitons nous libérer. Nous avons donc vu notre sacre de poche comme une façon de désacraliser le sacre. Alors, à la gravité du sacrifice, nous avons substitué la joie et la jubilation. Nous avons transposé des rituels modernes sur les gestes de ces rites païens. Nous avons, en somme, voulu poser un œil contemporain et libérateur sur ce monstre sacré, pour mieux le dompter.
Sidonie Duret, Elena Soussi & Ambre Vuillermoz
Sidonie Duret, danse et chorégraphie
Amandine Robert, création lumière
Claire-Mélanie Sinnhuber, composition
Elena Soussi, piano
Ambre Vuillermoz, accordéon
Création de l’association Jeux d’Anches en partenariat avec la DLVA.
Nous remercions le service culturel de la DLVA, le théâtre Durance, le conservatoire de Manosque, la SACEM, la DRAC pour leur soutien.